Imagerie médicale et douleur

Imagerie médicale et douleur

Lorsqu’on se blesse, que ce soit suite à un accident ou bien que la douleur apparaisse progressivement, on peut se questionner si une imagerie médicale est nécessaire ou serait utile. Les tests d’imagerie médicale peuvent être très utiles dans certains cas ou bien, tout au contraire, être d’une totale nuisance pour la récupération.

Les tests d’imagerie médicale comprennent, entre autres, les radiographies (ou rayon X), l’échographie, la résonnance magnétique (IRM)  et la numérisation. Ceux-ci sont surtout utiles pour détecter les problèmes majeurs.  La radiographie est importante pour évaluer les atteintes osseuses soit la présence de fracture ou de luxation. Pour les blessures musculo-squelettiques, les résonnances magnétiques peuvent être utiles dans les cas de suspicion d’atteinte grave ou si la chirurgie est l’option de traitement envisagée. L’échographie, quant à elle, est utile lorsqu’un traitement médical, comme une infiltration, peut être envisagé. Lorsqu’on ne fait pas face à un des cas ci-dessus, l’imagerie pourrait être plus négative que bénéfique pour le patient.

Comment l’imagerie peut-elle causer plus de tort que de bien?

À priori, l’imagerie sert à déterminer avec plus de précision ce dont le patient souffre. Si l’on se base sur ce principe, elle devrait donc être utile pour l’équipe médicale et paramédicale qui entoure le patient. Par contre, les recherches tendent de plus en plus à prouver le contraire. Je vous présente donc brièvement quelques raisons qui expliquent pourquoi l’imagerie n’est pas toujours utile.

  1. L’attente pour passer un examen d’imagerie médicale peut être assez longue. En général, passer une radiographie est assez rapide. Par contre, l’attente pour passer une IRM est beaucoup plus longue et peut être de quelques mois. Durant cette période d’attente, il peut se passer de nombreuses choses. L’attente peut générer une certaine anxiété qui peut nuire à la condition douloureuse. De plus, si le délai est long, la condition peut évoluer entre temps. Si quelqu’un n’entreprend pas de démarche pour traiter la condition durant le délai d’attente, celle-ci peut ne pas du tout s’améliorer ou voire même empirer pendant cette période. D’un autre côté, si la personne fait traiter sa condition et que celle-ci s’améliore de façon significative ou est même réglée, l’imagerie peut être totalement inutile au moment du rendez-vous.
  2. Ce n’est pas toujours ce qu’on voit sur l’imagerie médicale qui est responsable de la douleur. En effet, plusieurs conditions, par exemple l’arthrose, sont dues au vieillissement normal des structures. L’image va prouver que cette condition est présente, mais ne peut pas garantir que la douleur ressentie est causée par cette problématique. Plusieurs recherches scientifiques ont démontré que de nombreuses conditions peuvent être présentes sur une imagerie médicale sans que la personne ait de douleur ou de problématique à ce niveau. De plus, certains diagnostics basés sur les imageries comme l’arthrose ou les changements discaux peuvent être nuisibles au patient d’un point de vue psychologique.

Dégénérescence discale ou la hernie discale de la colonne lombaire

De nombreuses études ont démontré que la dégénérescence discale commence dès l’âge de 20 ans. Selon l’étude de Takatalo en 2009, 48 % des gens entre 20-22 ans  sans douleur lombaire avaient au moins 1 disque avec dégénérescence. De ce même groupe, 25 % auraient même un bombement discal.

Même en cas de douleur neurale descendant dans la jambe, la résonnance magnétique ne correspond que faiblement à la présentation clinique selon l’étude de Thapa en 2016. La présence ou non de compression de la racine du nerf sur la résonnance magnétique peut rarement expliquer la symptomatologie du patient.

Dégénérescence cervicale et bombement discal cervical

Selon une étude effectuée sur une population sans douleur, 98 % des gens avaient soit des bombements discaux, ou des changements dégénératifs au niveau du cou.

Déchirure de la coiffe des rotateurs à l’épaule

La coiffe des rotateurs est un ensemble de tendons à l’épaule qui agit comme stabilisateurs de l’épaule. Avec l’avancée en âge, des changements dégénératifs surviennent. Selon le chercheur Sher, 50 % des adultes âgés de 60 ans et plus ont des déchirures partielles ou voire même complètes de la coiffe des rotateurs sans avoir eu de blessure ou de douleur particulière.

Épine de Lenoir

L’épine de Lenoir est une épine osseuse pouvant se trouver au niveau du talon. Elle est souvent associée à la présence de fasciste plantaire, condition douloureuse au pied. Par contre, il est bien de savoir que ce n’est pas toujours le cas. En effet, 32 % de la population qui n’a pas de douleur au pied aurait une épine de Lenoir visible à la radiographie.

En conclusion, l’imagerie médicale n’est pas toujours la meilleure façon d’évaluer une condition musculo-squelettique. Les professionnels de la santé comme le physiothérapeute et l’ostéopathe peuvent, la majorité du temps, vous traiter sans que vous ayez passé de tests médicaux au préalable. Si ces derniers jugent que l’imagerie serait nécessaire, ils pourront alors en faire la recommandation au médecin.

Référence
Thappa, SS et al. Correlation between Clinical Features and Magnetic Resonance Imaging Findings in Lumbar Disc Prolapse, J Nepal Health Res counc, 2016 May ; 14(33):85-88
Par Émilie Papillon-Dion| 4 Juin 2018|Catégories: 1. Physiothérapie|
Nom : Émilie Papillon-Dion
Titre : Physiothérapeute, expertise en posture et Pilates
Description : Depuis l’obtention de son diplôme, Émilie a travaillé dans quelques cliniques multidisciplinaires où elle a acquis de l’expérience avec les blessures musculo-squelettiques. L’ajout du Pilates à sa formation comme approche thérapeutique est une façon de combiner ses passions pour bonifier ses interventions.

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